« En 1704, le journaliste Jordan et l'éditeur et imprimeur Chevalier s'unirent pour mettre à profit la « niche de souveraineté » que représentait le Luxembourg sur le marché européen de la presse, … et pour publier un journal pour le marché lorrain et français sur le modèle des « gazettes de Hollande… »
« Le titre … était tout un programme : on promettait aux lecteurs un regard dans les coulisses des cabinets gouvernementaux des princes, là où l'on décidait à huis clos des guerres et des paix en Europe. »
« Le 1er juillet 1704 parut le premier numéro qui, dans une courte préface, promettait de relater de façon impartiale ce qui se produisait de remarquable dans les cours princières et les armées. »
« Comme de nombreux journaux de son époque, la Clef du cabinet des princes était structuré chaque mois selon le même schéma rigide : la plus grande partie était consacrée aux nouvelles internationales, réparties selon les grands royaumes européens, ... Une grande place était accordée aux cérémonies des cours, de la chasse à courre du roi à la naissance d'un prince en passant par la visite d'un diplomate étranger. De prétendues citations sorties de la bouche des monarques donnaient l'impression que l'auteur avait participé aux rencontres. » ...
« Outre les articles sur les guerres et les batailles, la description détaillée des cérémonies avait un côté apaisant : la monarchie, et par la même occasion, la société qu'elle gouvernait semblaient … se mouvoir sur des voies éternelles, immuables. Mais vers la moitié du siècle, La Clef du cabinet des princes commença à faire état, avec la prudence qui s'imposait, mais de plus en plus fréquemment, de parlements régionaux et de philosophes éclairés qui contestaient le pouvoir de l'absolutisme. »…
« Dans presque chaque numéro de la Clef du cabinet des princes, une partie était réservée à des articles littéraires. Il s'agissait avant tout de critiques de livres d'histoire, de théologie, de philosophie et de sciences naturelles, rarement de belles-lettres. »
En 1716, Jordan et Chevalier se sont séparés. Le premier avait réussi à obtenir un privilège pour éditer un journal à Paris, la Suite de la Clef, ou Journal historique sur les matieres du tems.
La Clef du cabinet des princes continua à être éditée par Chevalier resp. par ses héritiers. En 1773, elle changea de titre et devint Journal historique et littéraire, dont le jésuite François-Xavier de Feller était rédacteur en chef.
Tiré de : Hilgert, Romain : Les journaux au Luxembourg, 1704-2004. Luxembourg : Service information et presse, 2004, p. 187. (Tous droits réservés)